ACCUEIL Archives pour la psycho-somatique | HISTOIRE Dernière mise à jour : 31 mars 2016



Étymologie


LES PRÉCURSEURS
HEINROTH
INSOMNIE
COLERIDGE

Le mot « psycho-somatique » probablement a été employé, tout au  moins oralement, depuis un certain temps, dans l'histoire de l'humanité, et  il est douteux qu'un médecin, un philosophe, un poète il y a très longtemps, n'ait pas eu l'idée d'accoler la psukhe et le soma grecs, dans cet ordre, en constatant les effets des passions de l'âme sur le corps de ses patients ou le sien propre.
L'opinion commune au XXIe siècle pourtant veut qu'il ait été employé par écrit pour la première fois par le médecin aliéniste de Leipzig, Johann Ch. A. Heinroth (1773-1843) dans son Lehrbuch der Störungen des Seelenlebens oder der Seelenstörungen und ihrer
Behandlung (1818), que l'on peut traduire par Manuel des troubles de la vie de l’âme ou des troubles de l'âme et des moyens de les traiter.
Il apparaît cependant que le terme « psycho-somatic » est né en 1811-1812  sous la plume du poète britannique Samuel Taylor Coleridge
(1772-1834) : « ...Joy and Grief, Hope and Fearm &c., have slipt out their collar, and no longer run in couples, under my whipping-in or from the kennel of my Psycho-somatic Ology... » [2]. Voir notre page Coleridge.
Mais il n'est pas dit qu'un érudit, un philologue ne trouve un jour une occurrence plus ancienne.
Concernant Heinroth, nous avons retrouvé une origine fiable, car si quelques auteurs francophones s'obligent à citer l'aliéniste de Leipzig, presque aucun ne s'est penché sur le texte lui-même. Ce qui en effet, n'est pas une tâche aisée, même depuis la digitalisation du Lehrbuch par la BIUM : presque huit cents pages en caractères gothiques. Aucun de ses ouvrages n'a jamais été édité en français [3].
L'une des premières occurrences écrites, dans l'Histoire, de la notion de psycho-somatique se trouverait donc page 49 du tome deux, en ligne ici (voir notre page Insomnie).

En France, la première apparition du terme psycho-somatique est signalée par le Trésor de la Langue Française dans une notice de 1904 des Annales Médico-psychologiques [4]. Le docteur L. Wahl y rend compte du traitement psychique pratiqué dans une clinique de Naples : « Pour réussir dans ce traitement, il faut avant tout connaître les anamnestiques du sujet jusque dans ses moindres détails : les habitudes, l'éducation, les conditions domestiques et "s'enfoncer dans l'intérieur de la famille comme l'anatomiste pénètre dans l'intimité des éléments d'un tissu". Ce n'est qu'ainsi que l'on connaîtra bien l'individualité psycho-somatique du malade, ce que le professeur Del Greco appelle le tempérament. »
Nous avons là sans doute l'expression de ce que signifiait la notion de psycho-somatique au début du XIXe siècle, proche de la Lebensphäre d'Heinroth.

Lehrbuch der Störungen des Seelenlebens
oder der Seelenstörungen und ihrer Behandlung.
Vom rationalen Standpunkt aus entworfen
von D. F. C. H. Heinroth,
Professor der psychischen Heilkunde und Arzt am Waisen= Zucht= und Versorgungshause
zu St. Georgen in Leipzig.
Zwey Theile.
τὰ γὰρ ὀψώνια τῆς ἁμαρτίας [1]
Leipzig,1818
bey Fr. Wilh. Vogel.

1
« Car le salaire du péché, c'est la mort »
Épître de Paul aux Romains, 6:23.
2
Nous donnons ici la transcription de Kathleen Coburn des notes manuscrites de Coleridge, page 67 de son Inquiring  Spirit, A New Presentation of Coleridge from his Published and Unpublished Prose Writing, University of Toronto, 1979.
3
Une traduction en anglais par J. Schmorak du Lehrbuch der Störungen des Seelenlebens a été publiée à Baltimore en 1975 (Textbook of Disturbances of Mental Life, or Disturbances of the Soul and Their Treatment, Johns Hopkins University Press).
4
Annales médico-psychologiques,1904, n°19, p. 511. Voir ici. L. Wahl y commente un article du Bollettino della casa di salute Fleurent per malattie nervose e mentali (Naples, 1903) que nous n'avons pu retrouver.




Cette page a été mise en ligne le 4 décembre 2010.