ACCUEIL Archives pour la psycho-somatique | HISTOIRE Dernière mise à jour : 31 mars 2016



Insomnie


LES PRÉCURSEURS
ÉTYMOLOGIE
HEINROTH
COLERIDGE

Heinroth et la métapsychologie
freudienne

L. Diebold et A. Garbe-Noel se sont appliqués à retranscrire du Hochdeutsch et à traduire à la lettre même les paragraphes §310 à §313 du Lehrbuch d'Heinroth.
Ils notent la proximité des idées vitalistes de G. E. Stahl (1660-1734), critique du dualisme cartésien, de celles du psychiatre de Leipzig. Ils examinent également avec attention les arguments de C. W. M. Jacobi (1775-1858), chef de file de l’école somatique allemande, contre le « psychique » Heinroth.
Freud, inspiré par le néovitalisme de Breuer, trouve cependant une posture intermédiaire entre les partisans du primat du somatique et les défenseurs de l’école psychique.  L. Diebold et A. Garbe-Noel voient ici la naissance de l'idée freudienne de pulsion « comme un concept limite entre le psychisme et le somatique […], représentant psychique des excitations » (Pulsions et destins des pulsions, 1915. Voir la page Freud et la psycho-somatique).
Il n'est pas facile d'accéder à leur article (« Qu’apporte le "psychisch-somatisch" de Heinroth à la métapsychologie freudienne ? ») sauf  à payer le prix exorbitant (40 €) qu'exige l'avaricieuse officine Elsevier. Est-ce qu'on peut au moins le prêter ?

Voici donc le passage du deuxième tome du Lehrbuch der Störungen où se trouverait la première référence écrite à la psycho-somatique dans le domaine médical :
« Auf die Schlaflosigkeit in psychisch-krankhaften Zuständen haben schon die Alten viele Rücksicht genommen, wie uns z. B. [zum Beispiel] die Regeln beweisen, die uns Celsus bierüber aufstellt. Und in der Tat wird durch die Schlaflosigkeit die krankhafte Erregung wesentlich unterhalten. Allein es ist nicht genug, ihren verschiedenen Quellen nachzuspüren — was allerdings nötig ist, wenn sie gründlich beseitigt werden soll : man hat auch auf ihre Wirkungen und Folgen zu sehen, wiefern dieselden nicht bllos nachteilig, sondern auch heilsam sein können ; und auch hiernach hat man sein Verfahren zu bestimmen. Gewöhnlich sind die Quellen der Schlaflosigkeit psychisch-somatisch, doch kann auch jede Lebenssphäre für sich allein den vollstandigen Grund derselben enthalten ».
Et en voici la traduction, appuyée sur celle en anglais de J. Schmorak
[1] et celle en français de L. Diebold et A. Garbe-Noel [2] :
« Les Anciens tenaient compte de l'aspect psycho-pathologique de l'insomnie, comme Celse [3] par exemple qui en établit les règles. Ainsi l'insomnie contribue-t-elle à perpétuer les phases d'excitation chez les malades mentaux. Il n’est pas suffisant d’explorer la diversité des causes d'insomnie — ce qui toutefois est nécessaire si l'on veut s'en débarrasser complètement : on doit prendre en compte ses effets et ses conséquences, et de quelle manière ceux-ci pourraient ne pas être si désavantageux, mais avoir également une valeur thérapeutique. Et à ce moment, aider à déterminer un traitement. De manière générale, l'insomnie est d'origine psychique-somatique, mais il est possible que chacune des circonstances de la vie privée puisse en être la cause à elle seule ».

On aura noté qu'Heinroth évoque bien l'étiologie « psychisch -somatisch » de l'insomnie et qu'il n'emploie à aucun moment le terme psycho-somatique. Celui-ci n'apparaîtra dans la langue allemande que bien plus tard. On observera en outre que l'adjectif « psychisch-somatisch » est appliqué à l'insomnie, qui ne passe pas pour une affection spécifiquement psycho-somatique dans son acception moderne.

Page 49 du deuxième tome du Lehrbuch der Störungen des Seelenlebens oder der Seelenstörungen und ihrer Behandlung, que l'on peut consulter ici.


1
Textbook of Disturbances of Mental Life, or Disturbances of the Soul and Their Treatment, Johns Hopkins University Press, Baltimore, 1975.
2
Lionel Diebold et Antje Garbe-Noel, « Qu’apporte le "psychisch-somatisch" de Heinroth à la métapsychologie freudienne ? » Annales Médico-psychologiques, Paris, 2015. Voir encadré à gauche
3
Aulus Cornelius Celsus, I er siècle av. J.-C. (voir Wikipedia).




Cette page a été mise en ligne le 4 décembre 2010.