ACCUEIL | Archives pour la psycho-somatique | HISTOIRE | Dernière mise à jour : 26 mai 2016 |
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Premières tentatives | ||||||||
Arnold Georg Stegmann
Membre fondateur du Groupe de Berlin (Berliner Ortsgruppe der Internationalen Psychoanalytischen Vereinigung), le psychiatre et psychanalyste A. G. Stegmann,
de Desde, participe aux colloques de Salzbourg (1908), Nuremberg (1910)
et Weimar (1911). C'est auprès de Stegmann que Freud se procure les
éléments biographiques relatifs au père du Président Scheber (1911) qui un temps exerça à Dresde également.(1872-1914) Son épouse Margarete, née Meier, (1871-1936), neurologue, analysée par K. Abraham, fut la première femme psychanalyste. G. A. Stegmann est mort sur le front en 1914. Il avait 42 ans. Le congrès de Weimar, 1911. Stegmann est au 3e rang,
à droite de Freud. |
En
février 1908, Arnold Georg Stegmann mentionne au cours d'une conférence
[1]
plusieurs cas d'asthme qui entreraient certainement aujourd'hui dans la
catégorie des événements psycho-somatiques. C'est la première fois
qu'un psychanalyste associe formellement névrose et phénomène somatique avec lésion. Ce sont tout d'abord trois enfants qu'il soigne avec succès par l'hypnose. Mais le psychiatre et psychanalyste de Dresde s'intéresse plus particulièrement à deux patientes avec lesquelles il applique la méthode psychanalytique. Les cures ne s'engagent pas véritablement et s'interrompent prématurément, mais Stegmann parvient néanmoins à dresser un tableau de la vie psychique des deux femmes. La première, âgée d'une quarantaine d'années, mère de famille, veuve, puis remariée, fait état d'une santé satisfaisante jusqu'à ses 36 ans lorsque se produit une première crise d'asthme. Depuis les crises se succèdent à intervalles de plus en plus courts et résistent aux traitements. Les époux semblent se porter une affection réciproque, jusqu'à ce que la patiente constate que ses crises d'asthme se déclenchent quand son mari tarde à rentrer des promenades en ville dont il est coutumier. Puis elle se plaint des infidélités de son époux. Celui-ci de son côté s'irrite de la jalousie de son épouse et de l'émotivité des femmes. Il finit par obtenir qu'elle mette fin aux séances. La deuxième patiente, 45 ans, souffre d'un asthme sévère depuis ses 20 ans. Les soins prodigués par un collègue médecin de Stegmann sont restés infructueux. En hiver, s'il fait trop froid, elle refuse de sortir, et le psychanalyste doit se rendre chez elle. À la première séance, elle donne de brèves indications que son mari, à ses côtés, s'empresse de corriger. Des sanglots, ou de brusques fous rires interrompent sporadiquement la séance. Bientôt elle convient de se rendre au cabinet de Stegmann, 18 Mosczinskystraße, malgré la neige. Spontanément, elle indique que ses crises sont souvent précédées de pensées à caractère sexuel et de réminiscences de son enfance. Ainsi se souvient-elle avoir été la victime d'attouchements, vers 4-5 ans, infligés par un étudiant qui occupait une chambre de la maison familiale, tandis que les gars de la tonnellerie voisine cognaient à la fenêtre et lui lançaient toutes sortes de suggestions. Elle se souvient qu'elle était vêtue d'une robe rouge. L'étudiant menace de la tuer (geschlossen) si elle le dénonce. La mère banalise l'incident et lui propose de prendre un bain ; la sage-femme (Hebamme) proteste de son impuissance. Aujourd'hui, chaque fragment de ce souvenir douloureux — un homme qui frappe aux carreaux — peut provoquer une crise d'asthme. Elle est prise de panique dans les salles de bain. La sage-femme qui n'avait pas d'enfants car elle craignait de contracter une « affection pulmonaire » au cours de la grossesse, joue un rôle important dans ses fantasmes. La robe rouge lui rappelle une sœur plus jeune, gravement asthmatique, décédée d'une pneumonie au cours d'un accouchement. Le père, particulièrement autoritaire proclame que si une de ses filles avait un enfant hors mariage, il la tuerait (erschiessen). Stegmann relève encore d'autres « traits signifiants » dans la vie actuelle de sa patiente qui ont un rapport avec sa vie sexuelle et sont associés à un fort sentiment de culpabilité, et qui parfois déclenchent une crise d'asthme. Il admet, suivant en cela la théorie freudienne, que les souvenirs de sa patiente puissent être le fruit d'une création fantasmatique. Dans ces deux cas, conclut-il, l'asthme est la manifestation d'une névrose, et probablement d'une hystérie d'angoisse, dont le mécanisme aurait pu être dévoilé par une analyse plus profonde. |
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Cette page a été mise en ligne le 1er mai 2016. |